Le Breucq

Breucq signifierait marais, mare, fange, bourbier ; mot picard ou wallon tiré du flamand broek. d’où provient d’ailleurs le nom de Bruxelles / Brussel < broek zele : habitat des marais.

Extrait de : La traduction vers le moyen français: actes du IIe colloque de l'AIEMF : Poitiers, 27-29 avril 2006. Association internationale des Études sur le Moyen Français

Claudio Galderisi, Cinzia Pignatelli, Université de Poitiers. Centre d’études supérieures de civilisation médiévale Ed. Brepols, 2007 - 460 pages

p. 193

Localisation :

À Briffoeil.

Alors qu’à Grandmetz existait la ferme du Breucq, le fief dont Pierre Dessuslemoustier et, plus tard, son fils Bertrand portèrent le titre, avant de passer encore plus tard à Thomas Dessulemoustier, se trouvait à Briffoeil, hameau et baronnie faisant partie de l’ancienne commune fusionnée de Wasmes-Audomez-Briffoeil, actuellement dans l’entité du grand Péruwelz.

Aucune trace toutefois du Breucq sur les cartes anciennes ni récentes pour situer l’emplacement exact de ce fief à Briffoeil.

Comme l’Inventaire du fonds Gobart associe le village de Baugnies à Wasmes-Audomez-Briffoeil et que la carte Ferraris renseigne également Beaugnies les Briffoeil, j’ai consulté le plan cadastral parcellaire Popp (1842) pour le territoire de Baugnies mais en vain. La carte de l’IGN 37/7-8 (Éd. 1995), au 1:20.000, renseigne également à Baugnies un lieu-dit Petit Briffoeil mais rien concernant le Breucq. Pour Briffoeil même, je n’ai trouvé accès à aucun plan cadastral Popp mais à d’autres plans similaires (de lecture difficile) mais ceux-ci ne renseignent pas davantage un lieu-dit ou parcelle de terre dénommée le Breucq.

Je ne possède toutefois pas la carte IGN 44/3-4 qui montre la partie sud de Briffoeil mais il semble peu probable que le fief du Breucq aurait pu s’y trouver car c’est là que se trouvait la propriété de la baronnie de Briffoeil et son impressionnant château forteresse avec ses dépendances dont il ne reste actuellement plus qu’une tour en ruine et une chapelle en plein milieu des prairies.

 

                                                              

Descriptif du fief :

A défaut de pouvoir consulter le dénombrement repris dans les archives de la famille de Cazier, il faut sans doute s’en référer à la part qui fut attribuée en 1634 à Bertrand Dessuslemoustier dans l’avis de ses père et mère ; à savoir :

« Ung fiefz ample tenu de la terre et Srie de Briffoeil , se comprendant en cincq a six bonniers de terres labourables, pretz, pastures et aulnois gisant audt Briffoeil ».

Le nom du fief n’y est toutefois pas renseigné.

 

Titulaires successifs du fief et du titre :

Sans certitude et peu probable :

- Bertrand Dessuslemoustier (1529-1579), écuyer, sgr du Breucq, époux de Marguerite Séjournet [cf. site de M. Eric de Sejournet qui se sera peut-être inspiré du site de Jean-Claude sur base d’une information qui provenait alors de mon message du 17.11.2006 : Le fief d'Oisies.

Bertrand n'est toutefois pas renseigné comme tel dans l'Annuaire de la noblesse de Belgique (1870) et cette information ne figure pas davantage dans l’Inventaire de la famille Gobart.

Je dois encore essayer de retrouver l'ajout de l'ANB 1880 et le texte original du Livre de Raison des Séjournet !

 

Avec certitude :

  • Henry Dessuslemoustier (1562-1620), demeurant à Ath, en fit le relief puis le dénombrement en 1611.

Il doit s’agir du fils aîné des précédents, l’époux de Marie Le Brun qui, après avoir perdu femme et enfants, se fera prêtre.

S’il aura hérité ce fief de ses parents, pourquoi dans ce cas avoir attendu d’en faire le relief et dénombrement aussi longtemps après le décès de son père puisque le délai légal était d’une année pour l’un et de 40 jours en suivant pour l’autre (voir annexe) ? Quelqu’un de ses frères avait-il hérité de ce fief avant lui ? La question reste ouverte !

  • Maître Pierre Dessuslemoustier (c. 1576-1634), époux de Jeanne Procureur dite de Hauport, est mentionné comme

écuyer, sr du Broeucq, etc., dans l’avis de père et de mère du 22.07.16341.]

L’abréviation Sr doit sans doute se lire Sieur en non Seigneur puisqu’un fief n’est pas une seigneurie mais le terme seigneur sera souvent galvaudé !

 

  • Bertrand Dessuslemoustier (1614-1679), époux de Louise van den Coorenhuyse, fils des précédents, hérita apparemment de ce fief et en portera effectivement le titre2. Bien que l’avis de ses père et mère mentionné ci-dessus ne renseigne pas le nom du dit fief, il faut sans doute considérer le passage suivant comme se référant à cette propriété :

« Item veuillent et ordonnent Iceulx conjoints que Bertrand Dessulemoutier leur deuxiesme filz ait et tienne en sa parçon pour luy et ses hoirs a tousiours Ung fiefz ample tenu de la terre et Srie de Briffoeil , se comprendant en cincq a six bonniers de terres labourables, pretz, pastures et aulnois gisant audt Briffoeil »3

Bertrand Dessuslemoustier voit son titre encore en usage dans une lettre du 06.02.1661 que lui adressa le Sr de Créquy4 à qui il avait donné procuration pour la revente d’une part que possédait encore son épouse dans un bien à Bierme près de Dunkerque.

En 1641, Bertrand Dessuslemoustier, demeurant à Grandmetz, avait toutefois déjà cédé le fief du Breucq à Gilles Le Roy, greffier de Briffoeuil5.

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1 - AGR, Fonds Gobart, N° 9/230

2 - Baron I. de Stein d’Altenstein, Annuaire de la noblesse de Belgique 1870, p. 110

3 - Briffoeil : Initialement, lors de ma transcription de ce document, j’avais lu Brissoeil.

4 - AGR, Fonds Gobart, N° 102 : lettre adressée par le Sr de Créquy, demeurant à Bergues, à Bertrand Dessuslemoustier, Sr du Breucq, demeurant à Grandmetz.

5 - AEB, Archives de la famille de Cazier, N° 608 : Acte de transport du fief par Bertrand Dessuslemoustier, écuyer demeurant à Grandmetz, au profit de Gilles Le Roy, greffier de Briffoeil.

Le fief du Breucq fit ensuite l’objet d’un récépissé du dénombrement par Gilles Le Roy (1641)6 et d’une lettre de retrait et de dénombrement du fief provenant de Gilles Le Roy et de son cousin7 Bertrand Dessuslemoustier par Nicolas Cazier, seigneur de Camphain (1642)8.

 

Dès 1641/42, le titre de sieur ou seigneur du Breucq devint sans doute purement fictif pour les Dessuslemoustier ou conservèrent-ils encore certains droits féodaux liés au fief en question ?9

 

Certains descendants de Bertrand Dessuslemoustier n’hésitèrent toutefois pas encore à s’en servir et ce fut le cas de :

  • Arnould Charles Dessuslemoustier (1648-1707), sgr du Breucq, époux de Catherine Leplat, fils du précédent10 . [ANB 1880]
  • Jean Frédéric Dessuslemoustier (c. 1667-1733), sgr du Breucq, neveu du précédent, époux de Christine Hannotte11.
  • Thomas Dessuslemoustier (1682-1738), époux de Marie Isabelle Mesnage, frère du précédent.

Il est qualifié seigneur du Breucq dans un arrangement du 10 novembre 1723 entre les fils d’Antoine Dessuslemoustier12 : « … Phles Arnould Dessulemoutier, Ecuyer, Seigneur de le Val, a bien et dûment cédé à Thomas Dessulemouttier, Ecuyer, Seigneur du Breucq, son frère, … »

Dans l’acte de baptême de son fils Charles Ghislain Baptiste (1733), Thomas est mentionné comme « Écuyer, Seigr Dubrecq ».

Dans l’acte de baptême de son fils Amand Hyacinthe Gomard (1734), il est mentionné « Écuyer, seigneur Dubrucq » et signe « T: Dessuslemoustier du Brucq ».

En dehors de la lignée des Dessuslemoustier, le fief poursuivra son destin dans la famille Cazier dont certains membres se feront anoblir par lettres patentes du 3 mai 1729 contenant l’autorisation, pour eux et leurs descendants, de faire précéder leur nom de la particule "de".

Il est à noter que les derniers représentants de cette famille de Cazier se sont également fait appeler "Cazier du Breucq", du nom du fief à Briffoeil dont ils furent les détenteurs.

Cette famille fera élever le fief du Breucq au rang de seigneurie.

 

Source principale :

AGR, F. Mariage, Inventaire des archives de la famille Cazier. Ces archives sont conservées aux Archives de l’État à Tournai.

 

A. Goethals, 1030 Bruxelles Le 04.09.2018

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6 - AEB, Archives de la famille de Cazier, N° 609.

7 -  « son cousin » semble s’appliquer ici entre Bertrand Dessuslemoustier et Gilles Le Roy mais ne serait-ce pas plutôt Nicolas Cazier qui fut cousin de Bertrand Dessuslemoustier par l’intermédiaire de Claire van Rode qu’il avait épousée en 1630. Cette Claire van Rode, née à Ath en 1612, était la fille d’Adrien van Rode et de Jeanne Wallet, petite-fille de Pierre Wallet et de Jeanne Dessuslemoustier. Cf. F.V. Goethals, Miroir des Notabilités nobiliaires de Belgique, des Pays-Bas et du Nord de la France, t. I (1857), p. 407.

8 - AEB, Archives de la famille de Cazier, N° 610.

9 - Ceci rejoint en quelque sorte le fait que certains membres de la famille de Coorenhuyse, installés à Grandmetz, continuèrent à porter le titre de Sr de Créquy, d’une lignée de leurs ancêtres, alors qu’il est fort probable que ce titre n’était porté qu’à titre fictif et que, depuis longtemps déjà, ils n’avaient plus aucuns droits féodaux se rapportant à la seigneurie de Créquy.

10 & 11 - Pour ces deux derniers, j'ai perdu la référence mais sans doute l’ai-je lu dans les pages de l’Annuaire de la Noblesse Belge, 1880.

12 - AGR, Fonds Gobart, N° 105 - acte du 10 novembre 1723, arrangements entre les fils d’Antoine Dessuslemoustier.

Détail carte « Europe au XVIIIe s. »                         Österreichische Niederlande [B VIII a 125] - First Military Survey (1763-1787)

Dans la famille Cazier un autre fief de Breucq à Herpinghien (Helchin) / (Herpegem, Helkijn)

p. 72 de l’inventaire

Ph. Vander Maelen, Dictionnaire géographique de la Province de Hainaut (Bruxelles, 1833)

p. 95

Breucq, dépendance de la commune de Grand-Metz. Breucq, dépendance de la commune d’Ellezelles.

 

Le Breucq à Grandmetz :

Il existait également à Grandmetz une ferme dite ferme du Breucq, dite ferme Velge au Champ Ballin, 12 rue Boucaut. Superficie : 1.312m2

Dernière propriétaire de la ferme du Breucq à Grandmetz :

Madame Maria-Joséphine NAERT, veuve de Monsieur Albert HOLVOET née à Izegem le 19 mars 1925 et décédée à Tournai le 15 octobre 2011.

En 2018 la ferme semble en pleine restauration.

 

S’agit-il du même Breucq cité dans le document du 25.08.1700 :

« Estat et déclaration des nom de chefs de famille et nombre des personnes que composent habitans de la franchise de Grandmetz, Breucq et Fermont » que nous avons déjà eu l’occasion d’étudier ?

Nous savons que « la terre du Breucq tenue de la seigneurie de Grandmetz en Hainaut » fut élevée en vicomté en faveur de François de Haynin.

p. 414

Abbé J. B. J. Croquet, Histoire de Grandmetz, Lille 1930. in Recueil 32 de la Société d’études de la province de Cambrai.

L’auteur évoque d’ailleurs cette seigneurie et vicomté à la page 72 et suivantes.

Seigneurie et Vicomté du Breucq.

Cette seigneurie est située entre Montreul-au-Bois et Forest ; elle consistait en un lieu manoir et édifices ruraux, entourés de fossés et établis sur six quartiers communément appelés « le Broecq, le Breucq » avec 21 bonniers de terres et 3 bonniers de pré, pâture et aulnois. Ces biens fonciers, placés aux confins de Montreul, tenaient aux terres de Rigault à Forest, au rieu venant de Pétrieu qui alimentait les fossés et à la Barberye.

La création de la grand’route de Tournai à Frasnes a fait disparaître la plus grande partie des anciens bâtiments et avec eux, le nom de l’antique seigneurie, remplacé aujourd’hui par celui de Radeau. Seul le Cadastre nous a conservé le champ du Breucq.

Le fief possédait des rentes seigneuriales en nature : 24 rasières et 3 havots d’avoine, 16 chapons et sur chacun d’eux deux deniers en argent. Les rentes en argent s’élevaient en 1578 à 5 sous forts, plus 10 l. et 8 s.. Ces rentes étaient assises sur les héritages du hameau de la Barberye qui relevait de cette terre féodale.

La seigneurie possédait ,toute justice, bailli, mayeur et échevins, droits d’aubanité, de tonlieu, de meilleur catel, etc…

Dans les premières années du XVIIe siècle un seigneur de Hainin obtint par lettres patentes la réunion de ses terres de Montreuil et autres lieux, et leur création en vicomté sous le nom du Breucq.

Les seigneurs du Breucq portaient à l’origine le nom de cette seigneurie.

  1. Jean , seigneur DU BREUCQ eut pour héritière Marie, dame du Breucq, laquelle par son mariage avec Étienne de Haynin fit passer cette terre dans la famille de Haynin. Marie du Breucq portait : de sinople à la bande d’argent chargée de trois doloires de gueules.

La famille de Haynin est très ancienne ; …

 

Les familles de HAYNIN entre Mons et Valenciennes au 15ième et au 16ième siècle

Les de HAYNIN entre Mons et Valenciennes au 15ième siècle.

 

  • Jehan de HAYNIN, propriétaire d’une maison à Valenciennes en 1415 (A.D. Lille 132 H 20),
  • Mahieu de HAYNIN, les hoirs sont propriétaires à Sebourg en 1415 (A.D. Lille 132 H 20),
  • Collart de HAYNIN homme de fief à Angre en 1426 (A.D. Lille 4G 451),
  • Pierrart de HAYNIN propriétaire à Baudour en 1450 (A.D. Lille B 9661),
  • Thierry de HAYNIN, fils des feux Thierry et Marie de MAFFLES, laboureur à Thulin le 10.04.1477 (A. Mons échevinage de Thulin).
  • Thierry de HAYNIN, propriétaire à Harquegnies en 1460 (A.E. Mons, Alain Scufflaire, les fiefs de Hainaut, volume 5 page257).
  • Jehan de HAYNIN, fils des feux Thierry et Marie de MAFFLES, laboureur à Soignies le 10.04.1477 (A. Mons échevinage de Thulin).
  • Léon de HAYNIN, demeurant à Hensies en 1493 (Bib. Val. Fond SG n° 1144),

 

Les de HAYNIN d’Onnaing au 15ième siècle et 16ième siècle.

 

Branche aînée :

 

  • I. Jean dit Brognard de HAYNIN, né vers 1330 ?, décédé le 03.04.1402 et enterré dans l’église de Haynin, seigneur de Haynin d’Amfroipret de Breucq et de Malaquet, époux de Marie de ROISIN dite de WARGNIES, d'où :
    • 1- Brognart de HAYNIN, qui suit en II,

 

              ° 2- Thierry de HAYNIN, né vers 1360 ?, prévôt de Maubeuge de 1386 à 1398 et de Bavay de 1398 à 1418, seigneur d’Oby, de Baviseau et d’Amfroipret, vend une terre à Onnaing en 1410 (A.E. Mons, Alain Scufflaire, les fiefs de Hainaut, volume 2 page379), épousa N. de le SAUCH,

 

  • II. Pierre dit Brognard de HAYNIN, né vers 1360 ?, décédé le 24.10.1431 enterré dans l’église Saint Jean de Haynin, seigneur de Haynin d’Amfroipret du Breucq de Louvignies de Gussegnies de Bettrechies et de Malaquet, grand bailli du Hainaut de 1408 à 1418 et de 1424 à 1425, construit le château des de HAYNIN à Haynin et le château d’Amfroipret, propriétaire à Onnaing en 1403 (A.D. Lille 4G 3429), épousa Jeanne du CHASTEL de la HOWARDRIES, décédée le 29.07.1443 à Haynin, d'où :

               °  1- Collart (Nicolas) de HAYNIN, né vers 1400 ?, décédé le 13.09.1471 enterré dans l’église des Chartreux à Liège, châtelain d’Ath, seigneur de Gussegnies de Bettrechies de Monstreuil au Bois et d’Amfroipret, propriétaire à Onnaing en 1469 de la terre qui fut à son père en 1403, ses hoirs en sont propriétaires en 1489 (A.D. Lille 4G 3431), époux de Marie de LANNOY,

Seigneur du Breucq (Wikipédia)

Au XIe siècle, le comte de Flandre donne des terres de son domaine d’Annappes à ses vassaux. Le seigneur du Breucq (Frumalde de Aqua) est l'un de ces vassaux et dès 1090 il élève sa motte (symbole de puissance), son château, surmonté d’une tour en bois et entouré d'un fossé, et établit sa basse-cour qui devint la cense du Breucq. Cette vaste seigneurie occupait la forêt du Baroeul depuis les abords de Lille jusqu’à Croix.

Le pouvoir de la seigneurie du Breucq s'est étendu au cours des XIIe et XIIIe siècles de la Marque jusqu'à Lille sur les paroisses de Fives, Flers et Marcq-en-Baroeul.

La Motte Féodale du Breucq est aujourd'hui toujours visible au bout de la rue Ghesquière à Flers Breucq.

Pour les devoirs du vassal vis-à-vis de son suzerain en matière de relief et de dénombrement d’un fief :